Biennale 2024

La Biennale des Imaginaires Numériques dévoile son visuel !

Après avoir réuni plus de 98 000 personnes lors de sa troisième édition, la Biennale des Imaginaires Numériques revient du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025 à Aix-en-Provence, Marseille, Avignon et avec de nouveaux partenaires à Istres et Arles.

Trois mois de programmation pluridisciplinaire dédiée à tous·tes les curieux·ses.

Un grand week-end d’inauguration avec vernissages d’expositions internationales, spectacles et festivités dans les villes d’Aix-en- Provence, Marseille, Avignon, Arles et Istres au sein d’une quinzaine de lieux partenaires.

Un parcours d’installations inédites dans le centre ville d’Aix-en-Provence qui confronte création contemporaine et architecture ;
Des visites et ateliers pour tous·tes : visiteur·ices seul·es ou en famille, habitué·es ou novices des cultures et arts numériques ;
Un week-end de clôture ponctué par du spectacle vivant (concerts, spectacles, performances) ; Un volet professionnel avec la première édition du Marché des Imaginaires Numériques (MIN) à l’ouverture avec le forum Entreprendre dans la Culture, ainsi que des rencontres professionnelles à la clôture de la biennale.

Une biennale ouverte à l’international

Aussi, après avoir accueilli le Québec, Taiwan, et la Belgique (Wallonie – Bruxelles – Flandre) lors des précédentes éditions, la Biennale est heureuse de recevoir la Lituanie en tant qu’invitée d’honneur de cette quatrième édition ! Cette collaboration s’inscrit dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France, organisée par l’Institut Français. La programmation fera également la part belle à la création numérique néerlandaise avec un Focus Pays- Bas. La biennale regroupera plus de 80 artistes et 14 créations originales issues de la plateforme CHRONIQUES CRÉATIONS, qui rassemble une quarantaine de partenaires régionaux, nationaux et internationaux.

Thématique : Le Plaisir

Dans un monde où les crises environnementales et sociales s’accumulent, pour la Biennale des Imaginaires Numériques 2024, nous
souhaitons réfléchir à la place du plaisir dans notre vie quotidienne : comment imaginer de nouvelles sources de joie malgré les défis d’aujourd’hui ?

Michael Foessel distingue deux formes de plaisirs : ceux que l’on peut appeler les « plaisirs- satisfactions » qui correspondent à la réalisation d’un désir préalable. Ce sont les plus nombreux et les plus habituels qui ont trait à ce qui constitue notre quotidien tel que l’alimentation, la culture, le sexe, etc. Puis les « plaisirs-événements », qui ne sont pas précédés par un désir puisque rien ne nous les rendait prévisibles. Ces plaisirs introduisent dans le réel un nouvel imaginaire. C’est ce qui les rend subversifs par essence : avant de les vivre, on ne les pensait pas forcément envisageables, puis on fait l’expérience réelle de ce que l’impossible devienne possible.

C’est un plaisir par surcroît qui dépasse les attentes ou qui dévie du point de départ, un moment où l’on expérimente un autre ordre du monde.

Dans l’urgence actuelle, la définition du plaisir et de sa satisfaction immédiate, loin d’être anodine, peut et doit être interrogée. Nos désirs comme nos pratiques révèlent nos contradictions, pourtant repenser la question du plaisir permet d’imaginer des mondes de demain désirables.

En effet, la question du plaisir est étroitement liée à celle de l’éthique, car nos choix en matière d’afflictions ont des implications pour notre bien-être individuel et collectif.

Dans « Ce qui ne peut être volé », Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio présentent la « charte du Verstohlen », terme allemand qui désigne la notion de furtivité. La philosophe et le designer appellent à préserver ce qui fait le sel de la « vie bonne », qu’on l’appelle bien commun, bien vital, besoin essentiel, capacité, capabilité, universel ou inappropriable. D’après elle, sauvegarder ces espaces équivaut à prendre soin de soi et des autres et restaure nos capacités d’agir.

Notion éminemment politique et historiquement posée par Michel Foucault, le plaisir est souvent utilisé comme un moyen de contrôle politique où les normes sociales dictent quelles formes de plaisir sont acceptables et lesquelles ne le sont pas. En outre, Foucault a souligné que le plaisir et le désir sont souvent instrumentalisés pour justifier des pratiques oppressives, telles que la domination masculine ou l’exploitation économique. À l’inverse, il démontre également comment les expériences de plaisir peuvent être utilisées comme moyen de résistance et de subversion contre les normes sociales oppressives.

À l’ère numérique, la question du plaisir se fait encore plus prégnante, car elle se manifeste au travers des algorithmes de recommandation et de personnalisation. Ceux-ci adaptent les expériences de plaisir aux goûts et aux préférences individuelles, mais ils peuvent également servir à renforcer les biais et les préjugés existants.

Face à la multitude des enjeux que cela soulève, nous souhaitons aborder cette thématique de manière pluridisciplinaire et critique. Nous voulons explorer les différentes facettes du plaisir dans le monde numérique, et les mettre en dialogue avec les enjeux sociaux, politiques et éthiques de notre temps.

Nous proposons ainsi plusieurs axes de développement :

  • Le plaisir comme expérience
    La technologie contrairement aux idées reçues de dématérialisation et de froideur des écrans, crée des expériences qui sollicitent de plus en plus nos sens et nos émotions, voire les manipulent ou les modifient. Avec le numérique, nos appareils sont littéralement devenus des extensions de nous-mêmes : des humanoïdes sont utilisés dans le système de santé, des robots sexuels compensent le manque de relations humaines, des appareils intelligents écoutent nos conversations et répondent à nos besoins. Dès lors, quels sont les impacts de ces inventions sur notre façon d’appréhender le plaisir ?
  • Le plaisir comme performance
    L’injonction au Bonheur et au Bien-être devient de plus en plus fréquent et inonde les plateformes numériques qui nous poussent à nous mettre en scène, à nous exposer et à nous comparer aux autres. Si le Bien-être devient productiviste, comment pouvons-nous explorer cette dimension performative du plaisir tout en questionnant les normes sociales et esthétiques qui la sous-tendent ?
  • Le plaisir comme stratégie
    Celle des industries du numérique qui utilisent le plaisir pour capturer notre attention. Face à cela, comment pouvons-nous mettre en lumière ces stratégies de manipulation tout en imaginant des alternatives qui favorisent l’autonomie et l’émancipation des individus ?
  • Le plaisir comme force subversive en bousculant l’ordre établi
    Si le bonheur est politique, faut-il changer ses désirs ou l’ordre du monde ? À l’image de Paul B Preciado nous pourrons nous demander si le bonheur ne réside pas dans le refus de la norme…
  • Le plaisir comme futur possible et happy end éventuel
    Et si le numérique cesse d’être la cause pour devenir l’outil aidant à la conséquence ? L’appropriation technologique et les interprétations culturelles plurielles des notions de réseau et de virtuel conduisent à l’invention d’autres formes de récit. De ces imaginaires qui questionnent les lieux communs du bonheur, du bien-être et du plaisir, apparaissent des possibles plus heureux et égalitaires pour le futur et les nouvelles générations.